Ce qui est naturel n’est pas pour autant sans danger. La médiatisation peut amener à une automédication basée sur des éléments insuffisants et parfois dangereux, tout comme les enseignements de quelques jours ou les livres écrits par des personnes non praticiennes. Les huiles essentielles sont des concentrés actifs de plantes et ne doivent pas être utilisées sans certaines précautions.
Toxicité des huiles essentielles :
Elle dépend :
- du dosage
- du taux de présence d’un composé toxique,
- de la voie d’administration (orale, cutanée, respiratoire), en friction (non diluée) ou diluée
- de la durée d’application
Précautions d’usage :
- N’utiliser que des HE 100% pures et naturelles
- Stocker les flacons d’HE hors de portée des enfants,
- Procéder à un test cutané de l’HE dans le pli du coude (et attendre 20mn). En cas de réaction, ne pas administrer l’huile essentielle
- Ne jamais utiliser d’HE pure sur des muqueuses fragiles (yeux, nez, conduit auditif, zones ano-génitales…)
- Ne pas administrer d’HE par voie orale à un enfant de moins de 7 ans, et par voie cutanée à un enfant de moins de 3 ans sans avis médical
- L’emploi d’huiles essentielles chez la femme enceinte et / ou allaitante est déconseillé sans avis médical
- En cas d’asthme ou d’allergie, demander l’avis à un médecin, et ne pas diffuser d’HE par voie athmosphérique et par inhalation
- En cas de pathologie hépatique ou rénale (ou antécédants), ne pas utiliser d’HE par voie orale sans avis médical
- Pour ne pas surcharger l’organisme et voir apparaitre d’effet indésirable, limiter la cure :
- à 7 jours pour un soin, et à 21 jours pour un travail de terrain (cure dépurative…)
- respecter une fenêtre thérapeutique d’une semaine toutes les 3 semaines, ou changer de mélange de plantes / HE, de forme galénique (hydrolat…)
- Essayer d’étaler le plus possible la dose maximum sur la journée (toutes les heures), de manière à garantir une quantité suffisante dans l’organisme
- En cas de contact d’une HE dermocaustique avec une muqueuse :
- Appliquer une huile de cuisine, une crème, du lait de vache
- Eponger avec un linge ou du papier absorbant
- Répéter jusqu’à disparition de la douleur
- En cas d’ingestion massive par voie orale, il est préférable, en attendant un avis médical, de ne pas se faire vomir et d’avaler de l’huile végétale, puis de l’argile et / ou du charbon végétal
- L’application d’HE sur l’oreille doit être effectuée sur la peau autour de l’oreille ou péri-auculaire, ne jamais introduire d’HE dans le conduit auditif
- Faire particulièrement attention (voir précautions particulières ci-dessous) à l’emploi d’HE riches en cétones (neurotoxiques) et/ou en phénols (dermatotoxiques et hépatotoxiques)
Précautions particulières selon la toxicité de l’HE :
DERMOTOXICITE
Certaines huiles essentielles sont dermotoxique, du fait de la présence de phénols, de certains aldéhydes ou d’esters et peuvent provoquer des brûlures
Exemples : Thymus vulgaris CT thymol – Thym à thymol, Thymus serpyllum – Serpollet, Eugenia caryophyllus – Girofle, Satureja montana – Sarriette des montagnes, Origanum – Origan sauf marjolaine, Cinnamomum zelanoïcum – autres cannelles
Précautions : diluer à 10% dans une huile végétale
HEPATOTOXICITE
Les HE contenant plus de 50% de phénols prises à doses élevées (plus de 10 gouttes / jour) et sur une durée prolongée (> 3 mois) peuvent altérer les hépatocytes. Ne pas utiliser sans avis médical en cas d’antécédents, d’insuffisance hépatique ou de polymédication
Exemples : Thymus vulgaris CT thymol – Thym à thymol, Thymus serpillum – Serpollet, Eugenia caryophylus – Girofle, Satureja montana – Sariette des montagnes, Origans (autre que Origanum majora), Cinnamomum zeylanicum – Cannelle
Précautions : pour des doses fortes, ne pas dépasser 7 jours sans avis médical. Associer une HE décongestionnante de la sphère hépatobiliaire (ex : citrus)
PHOTOSENSIBILISANTE
Les HE riches furo et pyrocoumarines sont photo sensibiliantes en usage externe (rarement par voie orale) et peuvent entrainer des rougeurs, voir des cloques lors d’exposition solaire
Exemples : Citrus ssp zeste (Citrus bergamia – bergamote), Apium gravelens – céleri), Angelica archangelica – angélique, Ammi visnaga – khella…
Précautions : éviter leur application avant toute exposition solaire (ou attendre 2h minimum avant de sortir)
NEUROTOXICITE
Les cétones et certains oxydes terpéniques présentes dans les HE ont une action neurotoxique
Exemples : Lanvandula stoechas – Lavande stoechas, Salvia officinalis – sauge officinale, Thuya occidentalis – thuya, Santalina chamaecyparissus – santoline, Peumo boldus – boldo, Artemisia herba – alba, Chenopodium ambrosoïdes var anthelminthicum – ansérine vermifuge…
Précautions : contre indiqué chez la femme enceinte, allaitante et chez le nourisson
ALLERGISANTE
La présence de lactones sesquiterpéniques dans l’HE peut provoquer des rougeurs
Exemples : Laurus nobilis laurier noble / sauce…
Précautions : faire un test dans le pli du coude (appliquer 2 à 3 gouttes d’HE à utiliser et attendre 20 minutes pour constater d’éventuelles réactions allergiques, Utiliser avec précaution chez tous les sujets allergiques
PHYTOHORMONES
Certaines HE sont composées de sesquiterpénols et diterpénols, considérés comme oestrogène-like
Exemples : Salvia sclarea – sauge sclarée, Melaleuca quinquenervia – niaouli…
Précautions : à proscrire chez la femme enceinte, les jeunes enfants et les personnes atteintes de cancers hormono-dépendants (ou avec antécédents familiaux)
NEPHROTOXICITE
L’utilisation à forte dose ou à usage prolongé d’HE riches en monoterpènes nécessite une attention particulière pour les personnes avec antécédants ou insuffisance rénale
Exemples : Juniperus communis – Genévrier commun, Pinus pinaster oléorésine – Térébenthine des Landes, Santalum album – bois de santal…
Précautions : demander un avis médical et utiliser sur de courtes durées (inflammation des reins)
L’utilisation des huiles essentielles ne se suffit pas à elle même. En effet, les HE sont généralement employées à titre complémentaire dans le cadre d’un traitement médical ou d’autres thérapeutiques. Dans le cas de symptômes persistants, de pathologie grave ou chronique, il convient de consulter un médecin qui est le seul professionnel habilité à établir un diagnostic complet.